LA SOUFFRANCE
Il est tout à fait légitime d’accepter la souffrance dans sa vie. Voici une affirmation provocatrice et tendancieuse. L’objectif premier des progrès médicaux, scientifiques, sociaux et économiques est de combattre la souffrance. En effet, la souffrance fait peur et dérange l’humain, elle est impitoyable, aveugle et injuste. Elle frappe tout le monde, enfant, jeune, adulte et personne âgée. Elle frappe les justes et les méchants. La souffrance est vraiment le premier ennemi de l’homme. Il est donc normal que l’homme la combatte.
Le Créateur de l’Univers a créé l’homme et la femme pour qu’ils soient heureux. Oui! bonheur, joie, c’est bien cela la définition du Ciel. C’est de bonne guerre que les progrès scientifi ques défient la souffrance. L’homme se donne comme objectif l’élimination de la souffrance. Bien qu’invincible, la souffrance est traquée de toutes parts. Mais, il est quasiment impossible de mener une vie sans souffrance. L’écrivain français Blaise Pascal disait : « Le dernier acte est sanglant. » C’est dire, entre autres, que la mort, ce dernier acte de l’homme comporte la souffrance. En fait, tant que l’homme et la femme auront un corps et du sang qui coule dans leurs veines, la souffrance sera présente et dictera sa loi sur les humains. Impossible donc à l’homme et à la femme d’évacuer la souffrance dans leur vie sur la terre. La souffrance est un mal que l’homme combat tous les jours. Si elle est sa première ennemie, comment pouvons-nous la légitimer? Il est déraisonnable de trouver du plaisir en se donnant des souffrances. La vie est bien courte, quel que soit l’âge que nous avons à vivre. Et il est bon de la vivre dans la paix et dans le bonheur notre portion de vie sur terre. Mais, il y a là une évidence, la souffrance ne peut pas être absente de la vie de l’homme.
L’expérience humaine nous montre que de grands gestes nobles dans la vie impliquent la souffrance. La naissance d’un enfant, son éducation pour qu’il devienne un adulte responsable requiert de la part des parents et des éducateurs des sacrifices. L’amour chez les conjoints peut facilement les amener à des renoncements ou à des concessions douloureuses. Certains travaux des hommes ne sont pas parfois une partie de plaisir. La vie de l’homme est parsemée quotidiennement de souffrances amenant ainsi à la résignation.
En conclusion, malgré les grands moyens et les grands efforts déployés par l’homme, la souffrance reste et demeure son ennemi invaincu. Alors, - faut-il la légitimer parce qu’elle est invaincue? Non! L’homme ne doit pas baisser les bras devant la souffrance. Il doit la combattre sans répit.
— ou faut-il la légitimer parce que de grandes, bonnes et nobles choses sortent de la souffrance? Oui! Pour un plus grand bien, l’homme est appelé à souffrir et là il est parfois légitime de souffrir dans sa vie pour un plus grand bien pour soi ou pour les autres.
Écrit par l’abbé Jean-Augustin Somé
pour le Comité francophone catholique Saint-Eugène-de-Mazenod.
Cette chronique est présentée par le Comité francophone