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31 janvier 2011 1 31 /01 /janvier /2011 18:24

«Dieu a choisi c e qu’il y a de fou dans le monde…de faible……d’origine modeste, méprisé,

ce qui n’est rien… pour confondre les sages…les forts…

pour détruire ce qui est quelque chose» 1Co 1,26-31

«En marche, les humiliés du souffle! Oui, le royaume des ciels est à eux!»

Mt 5,1-12 selon trad. Chouraqui

 

Depuis que j’ai connu une Béatrice, je sais désormais que les béatitudes, ce ne sont pas que de belles pensées spirituelles au service d’une religion ou d’une philosophie, mais c’est  davantage une race de monde. Des hommes et des femmes debout, en marche avec ce qu’ils sont de plus humbles, de plus pauvres, de plus endoloris et qui avancent sur la route qui les mènent vers leur Dieu. Ils avancent dans l’assurance que ce qu’ils sont est plus grand que ce dont ils ont peur.

La traduction la plus proche de l’hébreu signifie bien plus que notre «heureux, bienheureux ou béni», mais plutôt, «En marche, debout ! ».

«En marche, debout  les humiliés du souffle! Oui, le royaume des ciels est à vous!» La pauvreté debout peut écraser la richesse qui rampe, se cache et se dissimule dans le mensonge et l’hypocrisie. C’est exactement ce que l’on voit depuis une semaine. Les pauvres se lèvent  en Tunisie et cette vague non-violente emmène la dictature au large. Nous assistons actuellement à un tsunami de béatitudes dans tout le monde arabe. Et il ya l’Égypte, et le Yémen, et partout les grands de ce monde n’ont plus d’autres choix que de s’enfuir, se cacher…

«En marche, debout  les endeuillés! Oui, ils seront réconfortés!» Pleurer seul nous déprime, mais partager notre peine en la manifestant, en étant en marche, nous assure d’un réconfort. Dieu ne peut se manifester autrement que dans notre chair.

«En marche, debout  les humbles! Oui, ils hériteront la terre!» Cette terre est peut-être dépouillée, dénudée par des abus du monde des pouvoirs, de la consommation et de la corruption, mais les humbles marchent maintenant librement sur leur terre. Les doux en marche sont supportés par une force intérieure qui chasse la crainte. C’est bien loin du doux qui se laisse manger la laine sur le dos.

«En marche, debout  les affamés, les assoiffés de justice! Oui, ils seront rassasiés!» Avoir faim tout seul dans son coin, on crève de faim. Quand on partage nos faims et nos soifs avec  d’autres comme nous, un soulèvement se produit par la loi du nombre en mouvement que même les fusils de la répression ne peuvent plus contenir.

«En marche, debout  les matriciels! Oui, ils seront  matriciés!» Quel beau mot pour parler de la miséricorde. Les matriciels sont ceux qui se conduisent comme le Seigneur : donneur et gardien de vie. C’est bien loin de la pitié et de l’apitoiement. C’est cette capacité de voir la vie en l’autre et en soi, même dans la pire souffrance : une vie qui me garde dans ma dignité humaine et que je dois sauvegarder, en prendre soin. Accoucher de la vie à même notre matrice humaine. C’est là que se trouve notre vraie Dieu et notre véritable humanité. N’est-ce pas le bonheur des parents à la vue de la croissance de leurs enfants? N’est-ce pas là l’accompagnement véritable auprès de quelqu’un emprisonné dans sa maladie, sa souffrance, sa dépendance, sa prison? N’est-ce pas là le préliminaire à toute forme de pardon : être donneur et gardien de la vie en soi et en l’autre?

Tout ce monde  qui se lève  debout et qui se met en marche peuvent passer pour fous, insensés, des faibles qui n’ont plus rien à perdre, des gens d’origine modeste qui n’ont pas l’instruction pour affronter les grands de ce monde. C’est vrai! Et c’est pour çà qu’on peut longtemps refuser de se mettre en marche, de se lever, d’avancer avec assurance et rectitude sur une route qui va droit vers le Seigneur. Mais c’est ensemble qu’on y parvient. On ne dit pas « heureux le pauvre», mais «En marche les pauvres, les humiliés dans leur souffle, leur esprit, leur dieu créateur en eux». C’est là, dans la force du nombre, que tout bascule dans un élan et une non-violence qui dévoile les forces abusives des dictateurs de la peur.

Ce matin, on est une 60taine ici à se laisser ébranler par cet appel. N’oublions pas que nous ne sommes plus seuls à se lever, à se mettre en marche. Oui, c’est fou, mais ça marche! En Tunisie, à l’aide des moyens de communication des réseaux sociaux, tout le monde s’est mobilisé en même temps, s’est mis en mouvement dans la même direction. Tous les membres d’un même corps ont vibré d’un même courant, non pour tuer ou anéantir, mais pour établir un nouveau royaume de justice. Y croirons-nous assez cette semaine, pour nous mettre nous-mêmes debout?

Claude, ptre

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